Autoportraits en chambres adolescentes
Chambre refuge, chambre de la colère, chambre des rêveries, des gestes de beauté, chambre connectée aussi, toutes connectées parfois à certaines heures autorisées, d’autres à des heures indues, volées. Dans ces autoportraits en mots et en photographies réalisés par les collégiens de 3e (St André de Sangonis) et de 5e (Clermont l’Hérault), l’adolescence est là, entre miroirs, écrans, musique, copains, copines, devoirs, lectures, tchats et peur de l’avenir.
La famille est très présente et s’impose pour beaucoup comme un cocon rassurant en ces temps incertains. Il y est aussi question de jugement, du regard des autres sur ce que l’on est, de la difficulté à trouver sa place pour comprendre ce qui nous enferme ou ce qui nous libère. En ce sens, tous ont été courageux, car au delà de leurs travaux scolaires artistiques ce sont eux qu’ils exposent ici, pour dire leur différence, leur singularité. De cela nous les remercions chaleureusement. Nous vous souhaitons une agréable visite.
Dès février 2020, le projet CHAMBRES ADOLESCENTES était lancé sur le territoire du Clermontais qui accueillait notre premier ancrage (projet sur plusieurs années et régions). Chambres adolescentes s’inscrit dans une double démarche, d’une part un travail créatif in situ avec des jeunes pour tisser des portraits photographiques et littéraires, d’autre part une action artistique en collège afin d’amener les jeunes à réaliser leur autoportrait au travers d’ateliers photos et d’expression libre.
Dès février donc, les ateliers scolaires avaient commencé et nous avions d’autre part pris contact avec plusieurs familles pour nos portraits...
Puis le printemps 2020 est arrivé. Ce n’était plus uniquement les adolescents qui se claquemuraient dans leurs chambres, mais la quasi-totalité de la population mondiale. Étrange pied de nez de la grande histoire à nos histoires en chambres !
Dans un premier temps, tout fut arrêté, confinement oblige.
Puis l’envie s’est imposée pour nous comme pour les enseignantes, l’équipe du Sillon et le Réseau des bibliothèques du Clermontais de poursuivre ensemble ces ateliers. Ainsi, entre mars et mai 2020, les élèves de 3e et de 5e nous ont posté leurs textes, leurs photos via l’ENT, nous avons échangé par mails et ils ont peu à peu réussi – grâce au soutien sans faille des enseignantes — à constituer leurs autoportraits en chambre. Bravo à eux ! Merci à elles et à l’équipe qui nous accueillait !
Ce sont donc ces autoportraits d’adolescents en chambre, sous forme de diptyques photographiques et de textes de l’intime que nous vous proposons de voir dans cette exposition virtuelle. Des chambres photographiées par les élèves avant le confinement, des textes et une exposition construite pendant, avec les moyens du bord, avec l’engagement de chacun.e.s.
Nous remercions Le Théâtre Le Sillon et son équipe, le Réseau des bibliothèques du Clermontais, la DRAC, les directeurs d’établissements des collèges Max Rouquette à St André de Sangonis et du Salagou à Clermont l’Hérault et bien sûr les enseignantes : Mathilde Bricoune, Cécile Delhon et Sophie Zaouit-Quencez.
Nous remercions les jeunes de leur créativité et pugnacité et leurs familles qui ont accepté de les laisser s’exprimer.
Nous vous souhaitons à tous, une agréable visite virtuelle !
Jo Witek, autrice& Juliette Mas, photographe
Chambres adolescentes…
Une chambre adolescente c’est un espace où s’entremêlent les racines, les lianes d’une histoire plus si courte que ça. Mais c’est aussi le lieu de la métamorphose, là où s’opère une mue, un passage, une naissance à soi-même. C’est le lieu de la force, du rêve, du désir, de l’élan et aussi celui où la vulnérabilité, la peur peuvent se dire.
C’est un endroit fondateur et toujours, pour cela, très beau.
Amener nos élèves à pousser la porte de leur chambre non plus d’un coup de pied, mais du bout du stylo et de leur appareil photo, c’est pouvoir donner à entendre une réalité fidèle à la richesse et à la complexité de cet âge si puissant, si fertile, qu’on limite trop souvent, en souriant, à sa « crise ».
C’est pour nous, les adultes, re-découvrir. Remonter le temps, comme des archéologues ébahis qui reviennent sur le terrain déjà enseveli et presque méconnaissable de leur passé ; et c’est, pour eux, les élèves adolescents de 14 ou 15 ans, donner à ce qu’ils sont - à ce « moi » qui orchestre la disposition, les couleurs, les formes, les lumières de leur chambre - une forme juste et qui respecte LEUR vérité de ce moment-là de leur vie. A la lettre.
C’est prendre conscience de cette vérité grâce à la lumière de l’écriture, de la photographie. La sortir de soi et pouvoir l’observer. La façonner aussi par le pouvoir des mots et du cadrage, de la lumière. Quelle aventure ambitieuse et subtile…
Jo et Juliette ont accompagné, guidé les élèves dans cette véritable expérience avec une délicatesse, une bienveillance et une sincérité magnifiques. Uniques. C’est d’une attention pleine et authentique qu’elles ont entouré chaque élève. Et c’est dans cette douceur que l’écorce de l’élève peut enfin se fissurer et laisser surgir leur être, dans sa pleine densité. Au cœur de la classe, au cœur du groupe.
C’est un projet magnifique, qu’on voudrait pouvoir offrir à tous nos élèves.
Mathilde Bricoune, enseignante de français / Collège Max Rouquette à Saint-André-de-Sangonis
Le projet Autoportraits en chambres adolescentes, commencé en classe en octobre 2019, aurait pu ne jamais aboutir à cause du confinement. Malgré tout, il était déjà assez avancé pour que plusieurs élèves arrivent quand même à finaliser leur production à distance. Certes, dans des conditions normales, le rendu aurait été autre, les textes et photos plus nombreux, plus travaillés mais la matière obtenue est tout à la fois riche, inattendue et vivante. Les productions des élèves nous parlent d’eux, de l’adolescence en général mais aussi de l’adolescence pendant cette parenthèse qu’a été ce confinement.
Nous remercions Jo et Juliette pour leur implication et leur disponibilité, nous nous souviendrons de ce moment comme d’un temps d’échange et d’enrichissement mutuel. Merci aussi à Elsa Schirmer et à Julia Lopez, du Théâtre Le Sillon, ainsi qu’à Lucie Ambrosi, coordinatrice du Réseau des bibliothèques du Clermontais, pour avoir donné un cadre à ce projet. Merci encore à M. Rol et Mme Lafond, Principal et Principale adjointe du collège du Salagou. Et surtout merci à nos élèves sans qui rien de tout cela n’aurait été possible.
Sophie Zaouit-Quencez, professeure d’arts plastique & Cécile Delhon, professeure de français / Collège du Salagou à Clermont l’Hérault